JF Lebrun et les chefs de quart du 00h-04h et du 04h-08h
L’acquisition des données se fait en continue. Les équipes se relaient jour et nuit pour assurer le bon fonctionnement de tous les appareils. Les techniciens et ingénieurs vérifient la qualité des données brutes acquises.
Les scientifiques doivent suivre le déroulement des opérations pour s’assurer que les objectifs vont être atteints. C’est eux qui décident des routes qui doivent être suivies, de la position des appareils qui vont être mis à l’eau (les OBS dans notre cas) et du choix des sondeurs utilisés.
Si l’ensemble du planning est prévu de longue date, il peut arriver que les premières données révèlent des informations inattendues. Les imprévus, comme des conditions météorologiques défavorables ou la panne d’un sondeur, nécessitent d’être réactif. Il faut alors réorienter les travaux à exécuter, définir de nouvelles routes, composer avec les matériels qui permettront la meilleure observation. Le bateau ne doit jamais rester sans occupation !
Pour suivre l’avancée de l’acquisition des données nous avons placé un ordinateur dans le PC Scientifique sur lequel est installé un logiciel d’information géographique (SIG).
Photo 1 : Muriel Laurencin travaillant sur l’ordinateur où est installé le SIG.
Toutes les données de navigation et de bathymétrie sont reportées dans le SIG.
Le fond est une carte bathymétrique qui est peu précise car la région n’a pas encore été cartographiée en détail.
En rouge ce sont les routes prévisionnelles, en orange la route que le bateau a suivie jusqu’à aujourd’hui et en jaune les routes programmées pour les prochaines 48 heures.
Les croix rouges montrent la position des 40 OBS largués. Ces points sont importants car nous devons absolument repasser juste au dessus en effectuant les tirs de sismique (d’où la position des lignes jaunes)
Au fur et à mesure le sondeur bathymétrique multifaisceaux nous permet d’obtenir une carte bathymétrique très précise. Elle est représentée avec les courbes de niveau noires serrées. Une journée de travail est nécessaire avant que la donnée bathymétrique ne soit disponible pour le SIG, c’est pourquoi la bathymétrie de détail n’apparaît pas au niveau de certaines routes oranges parcourues récemment.
Figure 2 : Carte bathymétrique de suivi des opérations de la mission montrant la localisation des routes (lignes) et des OBS (croix)
Pour finir, une illustration de l’interprétation d’une carte bathymétrique de précision :
La carte de détail dans la fosse de Porto-Rico nous montre qu’un petit mont sous marin porté par la plaque Amérique du Nord est entré en subduction sous la marge de la plaque Caraïbes (le mont subduit se trouve au niveau du rond en pointillé).Il a laissé dans son sillage la trace de son passage sous la forme d’un vaste effondrement dans la marge et d’éboulis dans la fosse.
Au Sud du mont subduit on remarque la présence d’une vallée dont la morphologie est caractéristique de la présence d’une faille décrochante (mouvement de translation) qui indique que la partie frontale de la marge (entre la vallée et le front de subduction) se déplace latéralement vers l’Ouest Nord Ouest.
Figure 3 : Carte bathymétrique détaillée dans la fosse de Porto-Rico